Language : French

Gérard Salomon, ancien commandant du Corps des Engins Lourds des Forces Armées d’Haïti (FAD’H) nous livre par son témoignage précis des coups d’État sur la période post-duvalier un survol historique pertinent pour discerner les luttes politiques. En nous confiant ses souvenirs sur son rôle et celui des soldats dans les événements autour de l’affaire Lafontant et des complots pour les prises de pouvoir, l’ex-major contribue à éclaircir le rôle de l’armée par son engagement exemplaire et héroïque pour servir son pays en respectant les droits de l’homme. Gérard Salomon révèle ses réflexions sur la mise en veilleuse de l’armée et la problématique du processus démocratique en Haïti basées sur sa mission militaire au Palais national. Son dévouement comme officier au service de son pays pour combattre les mutineries au péril de sa vie témoigne de son attachement aux valeurs citoyennes et civiles pour rétablir un pays où un gouvernement légitime œuvre au service de l’intérêt général. Avec humilité et honneur, il partage son souhait le plus cher pour que l’Union fasse la Force des Haïtiens. Le commandant Gérard Salomon aux termes d’une expérience longue de quinze années dans l’armée d’Haïti, nous propose non seulement une lecture des faits qui se sont déroulés de 1986 à 1991, mais également une sociologie historique de l’armée, désormais lieu de tractations, d’échanges, de combines transactionnelles en vue de l’instauration d’un État militaire nourri par le caudillisme du XIXe siècle. En effet, le départ précipité de Jean-Claude Duvalier n’a pas pu créer les conditions d’émergence d’une unité d’actions modernisatrices au sein de l’armée autour des valeurs de patriotisme, de dévouement désintéressé au service de l’intérêt général. L’armée haïtienne a été plutôt influencée, dans sa composante majoritaire, par le régime autoritaire de Pinochet et le duvaliérisme, enclins tous les deux à la concentration du pouvoir entre les mains d’une bande de satrapes, voués aux violations des droits de l’homme. Dans ce contexte post- autoritaire marqué par des soubresauts qui rythment la transition politique haïtienne, le rapport de force se joue entre les militaires de droite, inféodés au duvaliérisme, instrumentalisés par Roger Lafontant et d’autres militaires porteurs d’un idéal démocratique, relayés dans l’opposition par une nébuleuse de forces politiques disparates, réunissant diverses sensibilités politiques qui revendiquent la démocratie comme modèle politique. Voilà une analyse polarisante qui démontre l’intérêt de ce livre.